L’effet de la remontée du taux d’usure a été de très courte durée. Les statistiques sur les refus de crédit se multiplient et sont inquiétantes.
La réalité la difficulté des Français d’accéder au crédit immobilier. est de plus en plus ancrée. Ce sont notamment les chiffres publiés par l’observatoire Crédit Logement en début de semaine qui ont mis le feu aux poudres. On y apprenait que la production de prêts avait chuté de 32% entre cet été et l’été 2021. Un recul encore plus prononcé encore que durant le premier confinement. Quant aux taux eux-mêmes, ils voient leur remontée s’accélérer pour s’afficher à 1,88% toutes durées confondues. Pour rappel, cette valeur s’établissait à 1,04% un an plus tôt.
De son côté, le courtier CAFPI qui présentait ce jeudi son analyse de la situation actuelle n’a pas manqué de rappeler à quel point le répit apporté par le relèvement du taux d’usure serait de courte durée. «Nos craintes se confirment avec le retour de blocages sur le marché du financement», analyse Olivier Lendrevie, président de la société. Il rappelle que les banques ont annoncé très peu de temps après la hausse du taux d’usure un relèvement de leurs barèmes de 0,3 à 0,4% et «il y a toutes les raisons de penser que ces hausses de barèmes vont s’enchaîner». Pour l’instant, il observe déjà des difficultés pour financer les plus de 55 ans (qui passent au-dessus du taux d’usure à cause des assurances chères pour eux) et estime que les difficultés devraient rapidement s’élargir.
2 à 3 mois de décallage
Depuis le 1er juillet, CAFPI note que sa part de dossiers n’ayant obtenu aucun plan de financement a bondi à 23% contre 10 à 15% auparavant. Preuve selon le courtier que l’analyse de la situation par la Banque de France est biaisée: ses chiffres exhaustifs ont assez précisément deux mois de retard sur ceux publiés par l’observatoire Crédit Logement qui représente le tiers du marché L’explication? En tant qu’ancien banquier Olivier Lendrevie estime que les taux réclamés par la Banque de France qui doivent être ceux de l’offre de prêt sont difficiles à recueillir. Selon lui, les statistiques transmises correspondent plutôt au taux accordé quand les fonds sont décaissés et comme il faut 2 à 3 mois pour aller au bout du processus d’acquisition immobilier, on obtient ce décalage. En période de hausse des taux, le phénomène peut avoir des effets dévastateurs.
Et le fait que certains grands réseaux se placent sur le «banc de touche» du crédit immobilier avec une activité a minima sur ce secteur n’arrange pas la donne. Ils étaient 3 au printemps et un quatrième réseau régionalisé devrait les rejoindre. Concernant les profils des primo-accédants, le taux d’apport et son montant ne cessent de progresser pour atteindre désormais 18% et dépasser légèrement les 60.000 euros. Même tendance à la hausse des revenus des candidats retenus: 48.665 euros au 3e trimestre 2022 contre 44.915 euros au 1er trimestre 2021. Quant aux secundo accédants, leur apport s’approche désormais des 100.000 euros (contre moins de 80.000 euros début 2021) et plus de 66.000 euros de revenus.
Un tableau sombre sur les difficultés des Français moyens à accéder au crédit que l’économiste Pierre Sabatier ne risque pas d’adoucir. Dans un tweet récent, il souligne: «Nous connaissons le choc le plus violent sur les taux d’intérêt depuis près de 50 ans. Si les taux d’emprunt hypothécaire passent en quelques mois de 1 à 4% (en ligne avec hausse des taux souverains), sans augmentation des salaires, c’est une baisse de 23% de la capacité d’achat.»
Source : le Figaro Immo